On a beau se voiler, la face, trouver des parades avec des laborieux coup de peigne ou d’artifices, l’évidence arrive tôt ou tard : « il va falloir l’emmener chez le coiffeur ».
L’âge de la première coupe varie énormément entre quelques mois et 2-3 ans. Cette différence s’explique autant par les cheveux de l’enfant que des facteurs psychologiques liés aux parents. Avec un enfant peu chevelu, qui plus est craintif, aux parents très réticents, la première coupe peut être très très tardive.
Il existe des salons spécialisés dans lesquels les coiffeurs ont tout prévu.
Détente, informations, jeux, techniques de coupe, le contexte est adapté. En amont, lors d’une première visite « pour voir » les enfants peuvent simplement regarder comment cela se passe. A la maison, des dessins animés peuvent également informer l’enfant, illustrer une coupe, voir même susciter la curiosité et l’envie.
Coté salons traditionnels, les astuces font légion, chacun a ses propres techniques.
Comme l’explique une coiffeuse (pour adultes) Cynthia, du salon CynthiaAndCo spécialiste des extensions de cheveux à Nice.
« Notre salon est à priori spécialisé dans les prestations pour adultes comme les méchages et les extensions de cheveux, mais nous avons beaucoup d’enfants, ne serait-ce que parce que leurs maman qui sont nos clientes nous connaissent et ont confiance en nous. Les mamans sont satisfaites de notre travail et préfèrent passer un moment agréable dans un salon qu’elles connaissent plutôt que de se tourner vers l’inconnu. »
« Les coiffeurs doivent évidemment s’adapter à l’enfant, à son âge, à son angoisse ou à son excitation. Il faut dans tous les cas arriver à nouer une relation de confiance. Nous avons notre petit stock constitué de BD et de dessins animés autour de la thématique cheveux/coiffure. Et quelques sucreries… évidemment. »
Du coté de la technique, l’adaptation et la souplesse sont de mise. L’assise, le shampoing, la technique de coupe, le séchage : tout le processus doit être guidé et adapté pour le bien-être de l’enfant.
- Un shampoing avant la coupe chez un poupon de 1 an ? inutile !
Un séchage chez un garçon en plein été qui s’impatiente ? là encore, inutile !
Un enfant curieux dans un salon bondé qui tourne la tête dans tous les sens ? Mettons lui un dessins animé sur une tablette.
Un bébé angoissé dans un endroit nouveau avec de nouvelles têtes, du bruit, de la musique inconnue ? Prenons plutôt rendez-vous à une heure pendant laquelle le salon de coiffure est calme.
Pour un jeune enfant, l’inconnu est relativement anxiogène. L’idée de se faire couper les cheveux va titiller l’image du corps et mettre symboliquement en danger son intégrité. La psychologie nous éclaire avec le concept du « stade du miroir » ainsi que les problématiques extérieur/intérieur, propreté/don (perdre une partie qui vient de soi). La coupe de cheveux chez les petits touche ainsi à des stades très structurants mais également sources d’angoisse. C’est loin d’être anodin.
L’appréhension de l’enfant doit vraiment être prise en compte et les parents doivent faire un travail en amont.
Une expérience mal vécue pourra fâcher durablement un enfant avec les coiffeurs, et même aller jusqu’à provoquer un traumatisme profond. Expliquer, illustrer, susciter l’envie… cela se prépare et chaque parent doit pouvoir faire cela à sa sauce. Il ne faut pas compter uniquement sur les talents de la coiffeuse, aussi douée soit-elle dans la relation avec les enfants.
Par exemple, Katarina, maman de Tonin, 10 ans.
Sur un coup de tête, j’ai emmené Tonin lorsqu’il avait 3 ans dans un salon de coiffure pour enfants. Je n’avais pas vraiment réfléchi avant, c’est tout juste si sa coiffure m’avait déjà fait pensé qu’il allait falloir penser à une coupe.
Passant pour la première fois devant ce salon « junior », je me suis dis que c’était l’occasion, d’autant plus que le salon avait l’air attractif. Passé la stupeur, mon fils a commencer à s’angoisser et à pleurer en voyant une petite fille de 6 ans se faire couper les cheveux. La coiffeuse s’est fait un point d’honneur à prouver son savoir-faire avec les bambins et son entêtement n’a fait qu’empirer les choses . Bref, ce fût une expérience très négative pour Tonin et depuis il est devenu impossible de l’emmener dans un salon. Il accepte uniquement que sa tante, ma soeur, lui coupe les cheveux. C’est assez désastreux car elle n’habite pas à Paris et nous la voyons très peu (elle est à Nice). C’est aussi désastreux car elle est loin d’être coiffeuse ! Malgré sa bonne volonté et son application, le résultat est assez horrible.
C’est évidemment un cas extrême et dans la plupart de cas, les parents trouvent des astuces pour corriger le tir après une première expérience difficile.
Heureusement !